L'anonymat et la protection de la vie privée numérique sont des aspects essentiels des droits humains, mais ils sont également liés à la cybercriminalité, comme la fraude, le vol d'identité, le cyberharcèlement, l'intimidation, l’hameçonnage et le trollage. Les victimes de violence faite aux femmes comptent sur l'anonymat et la protection de la vie privée pour accéder à des informations vitales, alors que les agresseurs utilisent ces droits pour pouvoir commettre des violences librement.
La communication anonyme occupe une place importante dans le discours politique et social et est efficace pour promouvoir la liberté d'expression. L'anonymat et la protection de la vie privée permettent aux femmes de se protéger, de trouver des ressources lorsqu’elles sont victimes de violence, de chercher des contacts lorsqu'elles sont isolées, de se prononcer contre la répression et de trouver des informations sur des questions de santé sensibles. Lorsque des femmes sont confrontées à la violence, elles peuvent ne pas se manifester si elles ne sont pas assurées de la protection de leur vie privée pendant et après la gestion de leur cas.
Vous pouvez en apprendre davantage sur la protection de la vie privée et l'anonymat en parlant aux victimes et dans les fiches de renseignements de Réapproprie-toi la technologie!
Les droits pertinentst
- Le droit à l’anonymat: Il n'existe pas de droit international propre à l'anonymat, mais il existe des protections de l'anonymat à divers degrés dans différents pays. L'anonymat et le pseudonymat en ligne peuvent être des éléments fondamentaux du droit à la protection de la vie privée et du droit d’être protégée de la violence. Un mouvement a été lancé pour encourager les États à garantir le droit à communiquer anonymement sur l’internet et à utiliser le cryptage pour garantir ce droit.
- Le droit à la protection de la vie privée: En décembre 2013, les Nations Unies ont établi “Le droit à la protection de la vie privée à l’ère numérique”, pour étendre nos droits hors ligne au monde numérique.
- Le droit d’être protégé de la violence: Dans la “Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes”, les Nations Unies énoncent que la violence faites aux femmes enfreint leurs droits humains fondamentaux.
Votre lieu de travail devrait avoir des politiques sur la façon de gérer la protection de la vie privée et l'anonymat des employés et des personnes avec lesquelles vous travaillez, en particulier les victimes de violence. Le lieu de travail peut surveiller et recueillir des données sur les employés, mais l'employeur est également responsable de protéger ces données et la vie privée des employés.
Cela vaut aussi pour les victimes de violence. On ne doit jamais communiquer des informations sur des cas avec des gens qui ne sont pas autorisés à les recevoir. On doit toujours obtenir le consentement écrit de la victime avant de communiquer de l'information car la victime a le droit de ne pas donner son consentement. Visitez la section Rester en sécurité de Réapproprie-toi la technologie! pour en savoir plus sur les stratégies et les outils permettant de protéger la vie privée et l'anonymat.
Autorités policières |
Il est essentiel de donner une formation sur la protection de la vie privée et l'anonymat aux agents de police chargés de la violence faite aux femmes. Les victimes de violence doivent pouvoir signaler les crimes anonymement et s’assurer que leur vie privée sera protégée, surtout si l'agresseur n’a pas été arrêté. De nombreux services de police gardent même les adresses des victimes en dehors des bases de données des ordonnances de protection pour améliorer leur sécurité . Les personnes qui signalent des cas de violence commis sur d’autres personnes devraient également pouvoir le faire anonymement. | |
La formation des agents ou des défenseurs afin de donner des conseils aux victimes sur la protection des données et de la vie privée est essentielle. Les agents devraient réfléchir à la façon dont les lois sur la protection de la vie privée et des données, ainsi que les changements qui y sont apportés, peuvent influencerr leur travail avec les victimes. Lorsque les lois ont du retard par rapport aux TIC, certains agents cherchent à trouver des moyens détournés d'appliquer d'autres lois aux cas liés aux TIC. Ils utilisent notamment la législation sur le droit d’auteur pour stopper la « pornographie de revanche » ou l'utilisation malveillante d'images privées à des fins de chantage et de harcèlement.
Il y a d’ailleurs des agents qui volent des photos intimes sur le téléphone des femmes qu'ils arrêtent pour les partager avec leurs collègues. Ces agents doivent être accusés selon la loi, et les services de l'ordre devraient avoir des politiques et des protocoles qui prévoient la déclaration de ces violations de la vie privée. |
La violence faite par la technologie laisse habituellement des preuves que les fournisseurs de services devraient être formés à reconnaître. Travaillez avec les victimes pour sauvegarder les communications (p. ex., SMS, courriels, messages instantanés, messages de forums, factures de téléphone, captures d'écran web, reçus ou fichiers journaux) et documentez chaque contact. Puisque les tendances dans les TIC changent rapidement, les fournisseurs ont besoin d’une formation fréquente sur les TIC et la violence faite aux femmes pour pouvoir recueillir des preuves et aider les victimes à rester en sécurité.
À l'ère numérique, il est essentiel d’assurer la protection de la vie privée des clients. En gardant les dossiers des cas loin des ordinateurs connectés à l’internet et aux réseaux, on évite que des pirates puissent y accéder. Si vous avez une base de données partagée, veillez à ce que toutes les parties utilisent les mêmes normes pour protéger la vie privée et l'anonymat. Formulez un protocole de protection de la vie privée et de sécurité pour l'organisation fondé sur une évaluation des risques et un engagement envers la protection de la vie privée de la victime.
Écoles et universités |
Le personnel scolaire doit se familiariser avec les politiques de protection de la vie privée à l'école, ainsi qu’avec toutes les lois de la protection de la vie privée pertinentes aux mineurs. Or, de nombreuses écoles n’ont pas mis à jour leurs politiques disciplinaires et de protection de la vie privée pour tenir compte de l'évolution des TIC. Sans mise à jour, des incidents peuvent échapper au système, la vie privée des victimes peut être facilement (même involontairement) violée et les écoles tenues responsables. Idéalement, un membre du personnel qualifié devrait être désigné pour répondre aux cas de violence liée à la technologie et autres types de violence. | |
Les élèves devraient pouvoir signaler un crime anonymement ou rester anonyme pendant l’enquête. Certaines écoles utilisent un système de déclaration anonyme. |
Les employeurs devraient connaître les lois sur la protection de la vie privée dans le contexte des lieux detravail et donner des lignes directrices claires et complètes aux employés, en les informant des droits et obligations des deux parties. N'assumez pas que les employées savent où se situent les limites en matière de protection de la vie privée.
Les employeurs devraient tenir compte des éléments suivants:
- Politiques et paramètres sur la protection de la vie privée: Faciles à trouver, complets, d’utilisation facile
- Systèmes de technologie de l’information (TI) fiables: Utiliser les normes de confidentialité, maintenir l’intégrité du système
- Protection de la personnalité virtuelle : Les signatures numériques, noms d’utilisateur, mots de passe, NIP, etc., ne doivent pas être utilisés ni changés par d’autres sans la permission du propriétaire.
Les intermédiaires (télécoms, fournisseurs de services internet et autres plateformes sur lesquelles la violence faite par la technologie se produit) sont tenus d’avoir des politiques et des conditions de service sur la protection de la vie privée des clients et de permettre aux utilisateurs de conserver un certain niveau de protection de leur vie privée. En cas de vol de données ou d'identité, les intermédiaires peuvent être responsables d'enquêter et de donner des conseils aux utilisateurs.
Tout le personnel doit être sensibilisé à l'importance de respecter les lois sur la protection de la vie privée des utilisateurs et autres lois pertinentes, car les employés des intermédiaires pourraient être tentés de surveiller ou de partager de façon inappropriée les données utilisateur. Les intermédiaires sont responsables de garantir la protection de la vie privée et l'anonymat de leur côté et devraient préciser dans les conditions d'utilisation les subtilités d’un partage de données, y compris qui, quand, où et pourquoi, ainsi que de mentionner la surveillance des gouvernements.